Le valgus du genou : correction ou non ?

Le valgus du genou : correction ou non ?

La littérature sur le valgus dynamique montre deux réalités complémentaires : d’un côté, de nombreuses études et revues indiquent que réduire un valgus excessif — par rééducation ciblée (renforcement des abducteurs de hanche, travail lombo-pelvien) ou par aides externes (bande élastique, wedges) — diminue l’ampleur du valgus lors de tâches fonctionnelles et peut réduire le risque de sur-sollicitation ou de douleur.

De l’autre, des travaux centrés sur le pédalage montrent que la présence d’un valgus apparent n’entraîne pas forcément une augmentation directe des moments de charge dommageables au genou en condition de cyclisme stationnaire.

Autrement dit : corriger le valgus peut être utile, mais n’est pas automatiquement nécessaire dans tous les contextes. 

Ce double état de fait a plusieurs implications concrètes :

  • Individualiser, pas appliquer une règle universelle.

    Les interventions doivent être guidées par la présence de symptômes, l’amplitude du valgus, et l’impact fonctionnel. Un cycliste asymptomatique avec un léger valgus visible mais sans douleur ni perte de fonction ne doit pas forcément être « corrigé » ; en revanche, un cycliste qui présente douleurs antérieures ou latérales du genou et un valgus marqué mérite une stratégie corrective. 

  • Prioriser les interventions non-invasives et à faible risque : Le renforcement

    Les revues systématiques montrent qu’un programme ciblé (renforcement abducteurs de hanche, contrôle lombo-pelvien, drills de proprioception) réduit de façon fiable le valgus dynamique lors de tâches comme le squat ou le single-leg squat. Ces approches traitent la cause (contrôle moteur, force) plutôt que d’imposer une correction passive. Elles sont à favoriser en première intention, surtout chez les patients en rééducation. 
    On peut cependant noter qu'il n'y a pas d'études montrant l'efficacité de ces programmes sur le mouvement de pédalage.

  • Utiliser wedges / aides mécaniques comme outil diagnostic et/ou palliatif.

    Les cales inclinées (wedges) et les aides proprioceptives (band loop distal cuisse) montrent un effet immédiat sur la cinématique (réduction du valgus) et parfois sur l’activation musculaire ; elles sont utiles pour tester l’impact d’une correction (effet « provocation/atténuation ») et pour soulager à court terme.
    Mais elles peuvent déplacer des charges ailleurs (nouveaux points de pression, modification du pattern de mouvement) — il faut toujours réévaluer. 

  • Contexte tâche-spécifique : squat ≠ course ≠ pédalage.

    Beaucoup d’études sur la réduction du valgus viennent de tâches à une jambe (squat, saut) — ce sont des situations où le valgus a montré des liens clairs avec blessure.
    En pédalage, la mécanique est différente: certaines études montrent que, malgré un valgus visible, les moments de contrainte peuvent rester comparables entre groupes, d’où l’idée que le seul valgus visuel n’implique pas automatiquement de surcharge pathologique en cyclisme.
    D’où l’importance d’évaluer la tâche que le patient effectue (et pas seulement l’angle observé) et de ne pas corriger pour corriger.

  • Mesurer, tester, vérifier — la démarche evidence-based en pratique.
    Un protocole raisonnable :

    1. mesurer et quantifier le valgus (vidéo 2D/3D, tests SLS),

    2. déterminer s’il y a douleur/fonction altérée,

    3. proposer un essai d’intervention conservatrice (exercices ciblés 6–8 semaines),

    4. si besoin, tester une correction mécanique temporaire (wedge, ajustement Q-factor, cales) et mesurer l’effet (cinématique, confort, charge perçue),

    5. décider de maintenir/modifier la stratégie selon les résultats.

  • Surveillance et précautions :

    • attention aux effets de compensation (p. ex. création d’un valgus opposé ou augmentation de pression plantaire) ;

    • chez les patients arthrosiques ou avec antécédents ligamentaires, préférer la validation clinique (imagerie / avis) ;

En résumé : la coexistence d’études « pour » et « contre » la correction du valgus n’est pas un paradoxe mais un signal clair : il faut nuancer et individualiser.

Corriger un valgus excessif est fondé scientifiquement surtout lorsqu’il est associé à symptômes ou invalidité, et en priorité par des programmes de renforcement + contrôle moteur ; les aides mécaniques (wedges, band loops) sont des outils utiles pour tester et soulager, à condition d’être intégrées dans un protocole de suivi et d’évaluation.

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